Le bien-être animal est une question socialement vive. Socialement, car c’est un sujet qui questionne toutes les strates de la société, du citoyen qui s’interroge sur son propre rapport à l’animal au consommateur qui au travers de son acte d’achat peut influencer les pratiques dans les élevages. Le bien-être animal dépasse la seule sphère agricole. Vive, car le bien-être animal amène à des débats qui peuvent être houleux lorsque les points de vue sont antagonistes et que chaque partie prenante campe sur ses convictions sans prendre en compte les avis contrastés.
Comprendre la manière dont les parties prenantes se représentent ou définissent le bien-être animal est la première étape pour déchiffrer les enjeux autour du bien-être animal. Si certains s’accordent sur une définition scientifique et rationnelle du bien-être animal, d’autres prennent davantage en compte une dimension qualitative basée sur leur propre expérience ou rapport à l’animal. Au sein même du monde de l’élevage le rapport à l’animal est multiple, des éleveurs trouvant dans le lien avec leurs animaux le sens premier de leur métier alors que pour d’autres éleveurs le rapport à l’animal est plus distant.
Controverse, jeu des acteurs, conceptions et représentations du bien-être animal
Quelle définition du bien-être animal ?
La définition historique du bien-être animal est basée sur les cinq libertés, définition opérationnelle qui permet de mettre en œuvre le bien-être dans les élevages et déployer des outils d’évaluation. En 2018 l’Anses a défini le bien-être animal comme étant l’« État mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportements, ainsi que de ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal ». Cette définition souligne que le bien-être est d’abord un état mental et émotionnel qui ne peut pas se résumer à la satisfaction de besoins physiologiques. Une approche plus compliquée à mettre en œuvre dans les élevages.
La solution pour améliorer le bien-être des animaux ne viendrait-elle pas du One Welfare, un seul bien-être ? Ce concept met en avant l’interdépendance dans les élevages du bien-être des animaux et du bien-être des personnes qui s’occupent des animaux.
Définition du bien-être animal, les 5 libertés, la définition de l'Anses, le One Welfare
Les besoins comportementaux des animaux, leurs émotions, la relation homme-animal
Les animaux ont des besoins comportementaux, expriment des émotions. Le porc qui fouille la litière, la poule qui gratte le sol ou les vaches qui se regroupent, sont l’expression de tendances comportementales liées au patrimoine génétique. Ces comportements décrivent des besoins comportementaux essentiels pour l’animal qui affecteront son bien-être. Chez l’animal d’élevage, les émotions négatives, comme la peur ou la douleur, sont généralement plus faciles à observer que les émotions positives telles que le jeu.
La prise en compte des besoins comportementaux et des émotions positives est considérée aujourd’hui sur le plan scientifique comme des objectifs à atteindre pour permettre un bien-être des animaux. L’éleveur, au travers de ses relations avec les animaux, influe aussi sur le comportement des animaux, et sur ses propres conditions de travail et de bien-être.
Il est possible d’évaluer le bien-être des animaux de manière objective. A partir de critères basés sur les cinq libertés, plusieurs outils d’évaluation ont été développés qui prennent en compte des éléments sur l’environnement de l’élevage et la conduite des animaux, mais aussi et surtout des données observées sur l’animal : santé, intégrité physique, expression de comportements. Boviwell, Beep, Ebene, la plupart des filières d’élevage ont leur propre outil d’évaluation du bien-être animal.
Le bien-être c’est aussi répondre à des exigences réglementaires comme la largeur maximale des fentes des caillebotis en porc.
Comment évaluer le bien-être chez l'animal ?
La réglementation et les enjeux commerciaux autour du bien-être animal
La réglementation sur l’élevage impose de nombreuses normes sur le logement ou la conduite des animaux, plus récemment sur la formation des éleveurs, avec un socle réglementaire cependant très différent selon les filières d’élevage. Des cahiers des charges privés, des démarches de filière amènent également leur lot de normes sur le bien-être animal. Quelques-unes de ces mesures ont pour objectif d’améliorer le bien-être animal, mais aussi de rassurer le consommateur et le citoyen sur les modes d’élevage. D’autres démarches privées visent à segmenter le marché en proposant des produits d’origine animale issus d’élevages qui se distinguent sur le bien-être animal.
Le rapport à l’animal dans la société française
Le rapport que la société française entretien actuellement avec les animaux est le résultat d’une histoire longue, d’une évolution des pensées.
Autres lieux, autre temps, l’animal de rente objet de production vu au service de l’Homme laisse sa place à un animal sensible capable de ressentir des émotions et auquel certains droits pourraient être accordés. Une évolution des pensées vis-à-vis de l’animal qui trouve ses sources contemporaines avec l’animal sensible de Rousseau au XVIIIème siècle, renforcée au XXème et XXIème siècle par de nouvelles connaissances sur les capacités cognitives des animaux et par un rapport moins important de notre société avec l’animal d’élevage.